Il y a plus d’un an, nous nous trouvions Piazza del Plebiscito (à l’angle du Caffé Gambrinus) où une berline bleue s’approcha de nous pour nous conduire à Arzano, dans la banlieue de Naples, en direction du QG de Kiton. Une fois sur place, nous sommes invités à aller partager un repas dans la cantine de l’entreprise (là où se déroulent les réunions du groupe, en famille).
Maria Giovanna Paone
Le DG de Kiton nous invite à prendre place à côté d’elle pour déguster un succulent plat de pâtes, sauce tomates et basilic accompagné d’un verre de vin (croyez-moi, le meilleur restaurant Italien de Paris n’égale pas la qualité de ce plat « simple » de cantine d’entreprise). De façon très nonchalante et informelle, nous faisons connaissance en parlant de Paris mais surtout de Naples, une expérience unique! Nous poursuivrons cette conversation dans son bureau où nous pourrons faire un portrait ‘‘à la Forbes’’.
L’histoire de Kiton
Maria Giovanna Paone nous conte brièvement l’histoire de son père (une histoire de famille) : 1964 Ciro Paone est issu d’une famille de marchands de tissus. En constatant que le métier de tailleur disparaît progressivement il eut l’idée, pragmatique et ingénieuse à la fois, de rassembler une grosse partie des tailleurs et couturières de la région (avec une structure logistique et d’effectifs à mi chemin entre la production industrielle, de part la dimension gargantuesque des infrastructures et le savoir-faire que l’on retrouve dans un petit atelier de couture, ‘‘il laboratorio’’). Il y rassemble des familles entières (et amants disent les bruits de couloirs…) en pensant également à former leurs enfants avec la Scuola di Alta Sartoria Kiton; ici, tout est pensé pour donner à ces ouvriers le meilleur environnement et conditions de travail possible (les employés bénéficient de nombreux avantages dont une salle de sport sur place…) – énergie et créativité Made in Naples ; Kiton naît avec la veste et, avec le temps, s’étend sur toute la garde-robe de l’homme moderne :
- chemises (avec 25 passages main)
- cravates (sept plis)
- souliers réalisés, comme à l’époque, par les bottiers locaux
- articles de sportswear
- ligne de maroquinerie
- et, cerise sur le gâteau, une collection féminine
Le caveau de tissus Carlo Barbera
Francesca Capotosti La Directrice Communication prendra le relais et nous guidera dans la gigantesque entreprise. Après avoir franchi l’imposant hall d’entrée principal, on découvre le vestibule et un escalier donnant sur deux côtés. De part et d’autre, des œuvres d’art collectionnées au fil du temps par Ciro Paone. À l’étage, les différents bureaux. Plus loin, une baie vitrée avec vue sur la pièce principale de production de pièces à manches où s’agitent, avant les fêtes de Noël, les 189 tailleurs et couturières de Kiton assis sur des chaises de bistrot autour de grandes tables de coupes que nous découvrirons exécuter dans un ordre logistique précis coupe, rapiéçage et couture. En descendant par un autre escalier, nous accédons au couloir (caveau) où sommeillent 200km de resplendissantes étoffes sélectionnés et tissées en exclusivité pour Ciro Paone par le drapier Carlo Barbera racheté par le groupe afin d’en maitriser la production et la qualité des tissus (comme indiqué sur la lisière des 100% laines de différents poids, supers 120’s, 180’s et 200’s, Cashmere, Alpaca et autres rarissimes tissus en Vigogne).
Visite du complexe de production
Nous poursuivons en traversant une passerelle – où sont conservés dans des vitrines (une autre collection de Ciro Paone acquise aux enchères Sotheby’s) des mises du Duc de Windsor, Edouard VIII – reliant le bâtiment de production de chemises, avec d’innombrables tissus et l’odeur du linge propre, le tout sous la direction de Sebastiano Borrelli (issu d’une famille de trois générations de chemisiers).
En continuant, nous découvrons l’espace dédié aux culottiers réalisant les pantalons mais aussi les bureaux où sont imaginés les différents patronages, la création de cravates, jusqu’à la création de la ligne femme. Des essayages (exceptionnels) sont faits sur place dans une pièce pour un client VIP asiatique…
La Scuola di Sartoria Kiton
Pus loin, nous terminerons notre visite avec la Scuola di Sartoria Kiton (l’école des tailleurs Kiton) imaginée par Ciro Paone afin de préserver ce savoir-faire. Nous sortons en passant une cour donnant sur une autre partie du complexe, nous pénétrons dans la zone de fabrication de souliers, du liège des peaux et des bottiers à l’œuvre.
L’empire Kiton
- 450 personnes : 189 tailleurs, 40 chemisiers, 12 couturiers réalisant les cravates, 130 personnes réalisent le sportswear et la maille entre Parme et Fidenza ainsi que Billa où sont filés et tissés les tissus.
- Un réseau de 120 points de ventes dont 33 directs (et 20 franchisés).
- CA de Kiton 115 millions en 2015.
- Kiton habille une clientèle discrète mais aussi grands dirigeants de ce monde, acteurs de cinéma et autres personnalités du showbiz
5 réflexions sur « Kiton, The Bespoke Firm »